vendredi 7 octobre 2011 à 18h

Réouverture du Peyrou

Ils n'ont rien compris !

Nous voulions la réouverture du Peyrou, ils l'ont fermé !

« On ne peut pas impunément, pendant des années, fonder le développement de la ville uniquement sur des critères de performance, de réussite commerciale et d'attractivité touristique sans que cette logique ne finisse par imposer sa loi. Ce type d'arrêté s'inscrit bien dans une continuité politique. Il est cohérent avec la décision des municipalités de livrer le centre ville à l'affairisme commercial (les fameuses zones piétonnes), comme il est cohérent avec sa politique de communication. Les pouvoirs locaux prétendent que « leurs » villes sont devenues des territoires exemplaires de la réussite et de l'excellence, du « beau » et du « propre », et l'arrogance de ce discours finit par dénaturer toute leur vision politique.»

Pascal NICOLAS - LE STRAT, invité à la soirée de ré-ouverture du Peyrou.

Texte extrait de l'article « Des citoyens indésirables » publié par l'ISCRA - 1996

Sommes-nous si effrayants que la mairie décide de fermer le Peyrou suite à l'appel pour sa ré-ouverture ? Depuis une semaine, des affiches décorent les tristes murs du centre ville, appelant à une soirée festive, avec l'intervention d'un universitaire, et d'un ancien journaliste, pour animer un débat, sur le phénomène d'embourgeoisement du centre ville. La fête et le débat public sont visiblement des choses qui déplaisent à la mairie, puisque celle-ci a décidé de fermer le Peyrou du jeudi 06 octobre au dimanche, en prévision d'un trouble à l'Ordre public.

Et la mairie a raison !

Nous qui voulions détrôner Louis XIV, et mettre en place une base secrète d'Al-Qaïda.

Nous qui voulions organiser la plus grande Rave Party de l'année avec tous les marginaux que la mairie aime tant.

Nous qui avions invité les cartels colombiens pour relancer l'économie montpellieraine.

Nous qui voulions créer des ateliers de fabrication de faux papiers, proposer des armes à prix libre.

Nous qui avions prévus des litres de GHB pour s'amuser sans consommer d'alcool, et ainsi casser l'image de la jeunesse dépravée.

Mais quelle déception ! Quid du petit train de Montpellier qui ne pourra plus promener nos chers touristes librement ! Que se passerait-il si nous décidions d'appeler à une soirée telle que celle-ci chaque soir de la semaine ?

Sans rire, nous envisagions plutôt une éventuelle intervention policière aux alentours de l'heure officielle de fermeture, ou vers une heure du matin, pour accompagner la fermeture des bars, mais ne pensions pas infliger une telle terreur à la mairie.

Cette méthode porte un nom, il s'agit de prévention situationnelle. C'est-à-dire faire en sorte qu'un délit ne puisse pas être commis, la même doctrine qui inspire l'installation de barres au milieu des bancs, afin que les SDF ne s'y allongent pas. Dans notre cas, il faut y voir une ré-édition du « crime-pensée » d'Orwell. Le Peyrou serait-il réservé au soirées organisées par la mairie ?

Cet arrêté est purement scandaleux, c'est pourquoi nous appelons au maintien de la soirée du 7 octobre et à son renouvellement le vendredi 14, et plus si affinités !

Le comité anti - répression

Depuis quelques années, la mairie de Montpellier mène une guerre sans merci aux soirées festives qui ont lieu dans l'écusson. Les bilans des fêtes de Carnaval et Saint Patrick de l'an passé le démontrent bien : 8 arrestations, des amendes très lourdes et de nombreux blessés pour Carnaval ; pour Saint Patrick, 2 interpellations, un blessé grave (perte d'un œil suite à un tir de flashball ) et beaucoup d'autres personnes qui ont été matraquées, rouées de coups, traînées au sol ou blessées par des débris de grenade assourdissante. Et ces scènes se sont répétées à d'autres soirées.

En plus de ces joyeusetés, un arrêté municipal pour la tranquillité publique (anciennement arrêté anti-mendicité) est voté chaque année. Il interdit tout rassemblement de plus de deux personnes dans le centre ville pendant toute la période estivale. Laissé à la libre interprétation des policiers municipaux, cet arrêté vise principalement les jeunes, les précaires, les rassemblements spontanés et tout autres squatteurs de l'espace public. Les policiers municipaux effectuent de véritables rondes sur les places Saint Rock, Saint Anne, Candole et Canourgue et les nettoient des quelques badauds qui osent s'y regrouper. Ces places se vident aux profits des terrasses de cafés, bars et restaurants ; ainsi, il devient presque obligatoire de consommer pour profiter de la vie nocturne.

Et puis, comme si cette politique ultra-sécuritaire ne suffisait pas, la mairie a fermé le Parc du Peyrou en soirée, avec un arrêté voté en janvier 2010. Depuis des dizaines d'années, ce lieu de fête et de rencontre permettait aux Montpelliérains de se retrouver de jour comme de nuit dans une ambiance conviviale, de chanter et de danser ! Ce lieu mythique, les gens de passage dans notre ville nous l'enviaient. Il faisait partie de l'âme de Montpellier. Ouvert jour et nuit, c'est aussi un lieu de passage pour les habitants du nord de Montpellier qui rentrent chez eux le soir. Placé à un endroit stratégique du centre ville, il a l'avantage de permettre aux habitants de se retrouver en limitant les nuisances sonores, contrairement aux places du centre ville (Candolle, Canourgue, Saint Roch, Saint Anne…), où la vie festive prend place directement sous les fenêtres des habitants. Les raisons invoquées par la mairie sont les diverses agressions, des plaintes dues aux bruits de quelques riverains ainsi que le trafic de drogue, ce qui est bien évidemment une hypocrisie, ces phénomènes n'étant que déplacés en d'autres endroits.

Cette répression de la vie festive et populaire participe pleinement à ce que l'on appelle la gentrification (phénomène urbain d'embourgeoisement). La municipalité veut assainir le centre-ville et supprimer tout ce qui pourrait en perturber le bon ordre commercial et affairiste, et la liste des troubles au nouvel ordre public urbain ne cesse de s'allonger : les manifestations et l'expression démocratique, la présence des pauvres et des précaires, les arts de la rue, les étudiants... Qui d'autre encore ?

À l'encontre de cet hygiénisme urbain, nous revendiquons un autre idéal - une ville qui s'épanouit, dans un espace public vivant, une solidarité de la rue, dans une convivialité des rencontres et des échanges. Nous voulons une ville pour y vivre et pas simplement pour y consommer.

Soirée pour la réouverture du Peyrou

Le Vendredi 7 octobre à partir de 18 h

Discussion - débat sur la gentrification, l'embourgeoisement du centre ville et la répression policière.

Soirée festive (ramenez vos instruments et votre bonne humeur !)

Repas prix libre- Infokiosque

Comité anti-répression ( anti-repression-montpellier@riseup.net )

affiche

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